Pourquoi la mélatonine ne marche pas sur vous ? Ce qu’on ne vous dit pas toujours
- Camille JULIE
- il y a 12 minutes
- 6 min de lecture
Résumé
La mélatonine ne marche pas sur vous ? C’est plus fréquent qu’on ne le pense. Je vous explique pourquoi — et quoi faire à la place. Parce qu’un bon sommeil ne se trouve pas toujours dans une gélule.

🔎 Dans cet article :
Pourquoi la mélatonine se vend autant… alors qu’elle ne marche pas toujours ?
Mon expérience avec la mélatonine : pourquoi elle n’a pas fonctionné pour moi
Comment notre corps produit de la mélatonine naturelle (et pourquoi c’est précieux)
5 idées reçues sur la mélatonine qui vous induisent en erreur
Pourquoi elle ne marche pas sur moi ?
Cauchemars, maux de tête… les effets secondaires oubliés
Mélatonine ou somnifères : que choisir ?
Reprendre le contrôle de ses nuits sans dépendre d’un complément
Pourquoi la mélatonine se vend autant… alors qu’elle ne marche pas toujours ?
En France, 37 % des personnes se déclarent insatisfaites de la qualité de leur sommeil (source INSV/MGEN 2023). Et dans ce contexte, la mélatonine est souvent le premier réflexe.
Le marché mondial des produits à base de mélatonine représentait 1,56 milliard de dollars en 2022, avec une croissance estimée à +14,3 % par an. C’est un marché énorme.
Et comme toujours, quand un produit devient aussi populaire, il faut prendre un peu de recul.
Mon expérience avec la mélatonine : pourquoi elle n’a pas fonctionné pour moi
Quand je dormais très mal, on me l’a proposée, alors je l’ai prise. Je ne savais pas qu’il fallait la prendre chaque soir à heure fixe, ni qu’elle mettait près d’une heure à agir. Et comme j’avais des troubles d’endormissement, je repoussais sans cesse le moment de me coucher, par peur de ne pas réussir à dormir.
Résultat : je la prenais à des heures différentes, souvent trop tard, et ça ne me faisait aucun effet.
Avec le recul, je pense que ça a aggravé les choses. Car en la prenant mal, sans le savoir, je déréglais encore plus mon propre rythme. C’était un peu comme si j’étais en décalage horaire permanent. Et aujourd’hui, je vois exactement la même chose chez beaucoup des personnes que j’accompagne.
Mes patients, eux, l’ont soit testée puis arrêtée, soit la prennent encore quand ils arrivent dans mon cabinet, même si elle ne fonctionne pas.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la mélatonine ne rééduque pas le sommeil. Elle ne règle pas la cause de l’insomnie. Elle remplace un signal, mais ne reconstruit pas le rythme.
Comment notre corps produit de la mélatonine naturelle (et pourquoi c’est précieux)
Ce que les gens connaissent de la mélatonine, c’est le complément. Mais à la base, c’est une hormone que notre corps produit lui-même. Et c’est cette mélatonine-là, naturelle, qui régule notre rythme veille/sommeil.
C’est elle qui, chaque soir, quand les conditions sont bonnes, donne le signal au cerveau : il est temps de dormir. Et quand son taux est suffisant dans le corps, c’est elle aussi qui nous permet de rester endormi toute la nuit.
C’est donc une hormone précieuse… mais aussi fragile.
Souvent, on pense que la mélatonine en comprimé est un simple complément “naturel”. Mais en réalité, ce n’est pas si anodin : on vient suppléer une hormone que le corps fabrique normalement tout seul.
Et comme notre corps cherche toujours à économiser de l’énergie, à partir de deux à trois mois de prise régulière, il peut tout simplement produire moins sa propre mélatonine.
Mélatonine pour dormir : 5 idées reçues qui vous induisent en erreur
1. “C’est un somnifère naturel”
Faux. La seule mélatonine naturelle, c’est celle que votre corps produit. Les compléments sont des hormones de synthèse, qui viennent remplacer plus ou moins partiellement cette production. Et contrairement aux somnifères, la mélatonine ne provoque pas le sommeil : elle envoie un signal… que le corps ne suit pas toujours.
2. “C’est sans risque, donc autant essayer”
Pas si simple. La mélatonine remplace votre mélatonine naturelle. Au bout de 2 à 3 mois de prise, votre corps peut réduire sa propre production, ce qui diminue encore plus votre capacité à dormir naturellement. Et tout le cycle du sommeil derrière peut être déréglé.
3. “Je peux l’arrêter sans conséquence”
Pas toujours. J’ai vu des patients arrêter après plusieurs mois de prise, et perdre brutalement le peu de sommeil qu’ils avaient encore. C’est donc un effet de sevrage. Car on a remplacé une hormone naturelle par une hormone chimique, et le corps a perdu l’habitude de produire la sienne. Alors bien sûr, tout le monde ne vit pas ça. Mais quand c’est le cas, ça complique les choses. Et ça montre bien que ce n’est pas juste un petit complément anodin.
4. “Si ça ne fait rien, ce n’est pas grave”
Et pourtant… si elle ne fait rien, arrêtez-la. Soit la mélatonine fonctionne dès les premiers jours, soit elle ne fonctionne pas pour vos troubles du sommeil.
5. “Je la prends toujours avant de me coucher, peu importe l’heure”
C’est une erreur fréquente. La mélatonine ne fonctionne pas comme un somnifère classique : elle ne vous endort pas sur commande. Elle agit en donnant un signal au cerveau qu’il est l’heure de dormir, mais ce signal doit arriver à heure fixe pour être efficace.
Si vous la prenez à des heures variables — selon l’heure à laquelle vous vous couchez — vous envoyez chaque soir un message différent à votre horloge biologique.
👉 Et ce signal contradictoire désynchronise votre rythme circadien.C’est un peu comme si vous faisiez un petit jet-lag chaque soir, en changeant de fuseau horaire en continu.
Résultat : votre corps ne sait plus à quelle heure il doit sécréter les bonnes hormones du sommeil. Donc, soit vous la prenez tous les soirs à la même heure, soit vous ne la prenez pas du tout.
Mélatonine et insomnie : pourquoi ça ne marche pas sur moi ?
“Mon amie en prend, ça l’aide… pourquoi pas moi ?”
C’est une question fréquente. Mais la vérité, c’est que le sommeil est un système complexe : stress, hormones, habitudes, alimentation, rythme de vie… Nous ne réagissons pas tous de la même manière à une même molécule.
👉 Ce qui marche pour quelqu’un d’autre ne marchera pas forcément pour vous.
Autre point : la mélatonine en vente libre n’est pas un médicament réglementé. Les dosages varient selon les marques, parfois même d’un comprimé à l’autre. Il existe bien des formes prescrites (comme le Circadin), avec un dosage plus stable, mais elles ne marchent pas pour tout le monde non plus.
Et surtout : si vos problèmes sont liés à des réveils nocturnes, la mélatonine, même à libération prolongée, est rarement efficace. Notre mélatonine naturelle reste active toute la nuit ; les compléments, eux, n’y arrivent pas aussi bien.
Donc si ça ne marche pas pour vous, c’est simplement que ce n’est pas la bonne solution. Et qu’il existe d’autres voies — plus naturelles, plus durables — pour retrouver un vrai sommeil.
Cauchemars, maux de tête : les effets secondaires de la mélatonine que l’on oublie
Parce que la mélatonine est vendue sans ordonnance, on l’imagine inoffensive. Et pourtant, je reçois souvent des patients qui me disent :
“Je l’ai essayée, mais j’avais des cauchemars affreux.”, “J’avais mal à la tête le matin.”....
C’est important de le savoir : la mélatonine agit sur votre système nerveux, comme toute hormone, et peut provoquer des réactions indésirables.
Ce n’est pas que vous êtes un cas à part, c’est que ces effets existent — mais ils sont rarement signalés.
Mélatonine ou somnifères : quelle option choisir quand on souffre d’insomnie
Tout d'abord je conseillerai toujours de passer par la voie de la rééducation du sommeil pour une retrouver un sommeil naturel et durablement mais si vous n 'en êtes pas la et que
vous hésitez entre un somnifère (zopiclone, valium…) et la mélatonine, je vous conseille toujours de commencer par la mélatonine.
Elle ne déstructure pas le sommeil profond comme les somnifères classiques. Et même s’il peut y avoir un petit effet de sevrage, ce n’est rien comparé à l’arrêt d’un médicament hypnotique.
Et si vous vous demandez ce qu’il en est des somnifères classiques, j’en parle plus en détail dans un autre article, juste ici. Anxiolytiques et somnifères : un cercle vicieux à éviter
Mais le mieux, quand c’est possible… c’est de ne rien prendre du tout, et de rééduquer son sommeil, vous l'avez compris ;).
Reprendre le contrôle de ses nuits sans dépendre d’un complément
Les patients qui viennent me voir ont souvent déjà tout essayé. Et la mélatonine fait presque toujours partie du parcours. Mais quand l’insomnie persiste, c’est bien qu’elle n’a pas été la solution.
Elle peut dépanner dans certains cas, mais quand le sommeil est profondément déréglé, il faut aller chercher ailleurs. Pas dans une molécule à vie, mais dans une vraie compréhension de son rythme.
C’est tout l’objectif de la rééducation du sommeil : retrouver les bons repères, et recréer les conditions pour que la mélatonine naturelle fasse, à nouveau, son travail.Pas à pas, on réapprend à dormir… naturellement.
Vous vous reconnaissez dans ce que j’évoque ici ? Vous avez l’impression d’avoir “tout essayé”, sans succès durable ? Et si vous exploriez une autre voie : celle de la rééducation du sommeil, pas à pas, sans pression ni solution toute faite.
Je vous propose un premier échange gratuit de 10 minutes par téléphone : un moment pour faire le point et voir ensemble si je peux vous aider à retrouver un sommeil plus stable, plus naturel.
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